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Analyse comparative de deux dispositifs de monnaies sociales en termes de développement soutenable : L’Accorderie et le SOL

Marie Fare

Last modified: 2010-12-13

Abstract


On assiste depuis les années 2000 à une multiplication de dispositifs de monnaies sociales, comme les monnaies locales, mais aussi à l’apparition de monnaies complémentaires de formes plus novatrices telles que les « cartes de fidélité vertes ». Un des objectifs partagé par ces divers dispositifs vise à favoriser le développement soutenable.

Nous analyserons plus précisément, dans le cadre de notre communication, dans quelle mesure les monnaies sociales peuvent avoir un impact économique, social, environnemental et participatif qui permettrait de les inscrire dans la problématique du développement soutenable. Comment et en quoi les monnaies sociales, et ici plus particulièrement le dispositif de l’Accorderie et du SOL, peuvent être des outils au service du développement soutenable ?

Les monnaies sociales si l’on ne peut que constater une diversité certaine dans les dispositifs ont néanmoins pour caractéristique essentielle d’être restreintes au niveau de leur usage. Il peut s’agir d’une limite territoriale ou d’une limite communautaire. Cette caractéristique essentielle, qui peut-être considérée comme une contrainte de validité, a un avantage fondamental en terme de reterritorialisation. On peut donc distinguer trois conséquences ayant un impact positif en termes de développement soutenable.

Tout d’abord, puisque leur usage est limité territorialement, les monnaies sociales favorisent la relocalisation des échanges et des activités, la consommation de produits locaux et donc les entreprises et structures locales. Elles vont ainsi non seulement favoriser la consommation de produits locaux mais aussi un modèle d’entrepreneuriat (celui de la petite entreprise, des commerçants, artisans et professions libérales). Apparaît ici l’effet multiplicateur. Une injection de monnaie sociale devrait engendrer un effet accru sur l’économie locale par rapport à une injection de revenus supplémentaires (en monnaie conventionnelle) dans l’économie. Les monnaies sociales permettraient donc de réhabiliter le local comme cadre de développement économique, social et politique. Pour que ce surplus de consommation serve le développement soutenable, la demande doit s’orienter non seulement vers des produits locaux, ce qui permet notamment de diminuer l’empreinte écologique des échanges, mais aussi vers des produits respectant certains critères environnementaux et sociaux. De plus, la mise en place d’une monnaie sociale permet d’instaurer de nouvelles pratiques, de transformer les valeurs et représentations et d’orienter les modes de vies, de consommation et de production dans un sens plus soutenable. Les monnaies sociales seraient dans ce cadre des vecteurs de transformation, voire de rupture, vis-à-vis du système capitaliste de marché. Cette modification des pratiques et des modes de vie peut être encouragée pédagogiquement par le biais des monnaies sociales.