Dans les années 1990, les « clubs de troc » représentent une stratégie de secours pour surmonter la profonde crise qui frappe l’Argentine. Ils désignent des systèmes d’échanges alternatifs payés à l’aide d’une monnaie-papier interne, le « credito ». Si de tels systèmes monétaires communautaires ne sont pas nouveaux, cette expérience se distingue de part l’ampleur inédite du nombre de ses participants et par la spécificité du projet lui-même. L’un des intérêts de ce cas est de revenir sur une question qui travaille les sciences sociales, à savoir ce que signifie le politique, quels en sont les formes et les espaces. A cette question, ce travail propose de montrer que le politique se donne à voir dans les « clubs de troc » et ce à trois titres. L’examen de la genèse de ce projet révèle d’abord sa nature profondément politique. L’observation des pratiques au sein des clubs permet ensuite de déceler que les « clubs de troc » constituent un espace de souveraineté monétaire privé; qu’ils forment un espace de domination économique où se confrontent des puissances privées ayant des conditions d’accès différencié à la règle monétaire.